Dans une assiette, un vélo dessiné avec des fruits et légumes et des comprimés et gélules.
Ludovic Godard
Auteur 
Delphine Gosset

Quelles pratiques nutritionnelles chez les sportifs ?

La thèse de Marine Brisard sur la nutrition des triathlètes questionne l’utilité des compléments alimentaires et souligne l’importance du pharmacien dans son rôle de conseil. Elle a été récompensée par un prix.

Marine Brisard a choisi de faire de la nutrition du sportif le sujet de sa thèse d’exercice en pharmacie. Elle s’est intéressée en particulier au triathlon, une discipline qu’elle pratique elle-même depuis une dizaine d’années. Ce sport qui associe natation, vélo et course à pied puise beaucoup dans les réserves de l’organisme. L’effort consomme en effet non seulement de l’énergie, mais aussi de nombreuses vitamines et minéraux. D’où l’intérêt pour les sportifs de se nourrir correctement et, si nécessaire, de faire appel à des compléments alimentaires. « L’alimentation est aussi importante que le sommeil, la récupération et les entraînements », affirme la jeune pharmacienne.

Comme elle l’explique dès l’introduction de sa thèse, le marché du complément alimentaire n’a cessé de se développer depuis les années 1990, offrant au consommateur une grande variété de produits distribués aussi bien en pharmacie qu’en grande surface, dans les salles de sport ou sur internet. « Ces compléments alimentaires permettent-t-ils d’améliorer les performances ? Comment les choisir ? Peut-on les substituer à un régime alimentaire équilibré ? » s’est-elle interrogée.

Dans un premier temps, elle a dressé un bilan détaillé du rôle des macronutriments (glucides, lipides, protéines) et de l’hydratation pour le sportif d’endurance, comparant différents régimes alimentaires et proposant des conseils nutritionnels détaillés pour préparer au mieux une compétition et récupérer ensuite.

Dans un second temps, elle a analysé le rôle des différents types de micronutriments que l’on peut trouver dans l’alimentation ou sous forme de compléments alimentaires, répertoriant pour chacun les apports journaliers nécessaires, précisant où les trouver dans une alimentation classique, indiquant les effets de leur carences et de leurs excès. Elle s’est ainsi intéressée aux vitamines, aux minéraux et aux oligoéléments1, aux substances dites ergogéniques, c’est-à-dire susceptibles d’améliorer les performances physiques ou intellectuelles, aux compléments protéiques et enfin aux antioxydants qui permettent de limiter les dommages cellulaires liés à l’exercice

Enquête auprès des triathlètes

La jeune pharmacienne s’est ensuite interrogée sur la consommation de compléments alimentaires par les sportifs. « On avait peu de données sur leurs pratiques et leurs motivations », explique-t-elle. Elle a donc associé à son travail de recherche bibliographique un travail d’enquête. Le questionnaire qu’elle a transmis à tous les clubs de triathlon de Franche-Comté lui a permis d’obtenir près de 180 réponses.

Les résultats de cette enquête montrent que ce sont surtout les sportifs dont le volume d’entraînement hebdomadaire est le plus important qui consomment des compléments alimentaires, principalement des vitamines et des minéraux, pour lutter contre la fatigue ou combler une carence. « Les triathlètes sont soucieux de leur santé. L’amélioration des performances sportives n’est pas leur principale motivation », constate Marine Brisard. D’ailleurs, si ces produits sont utiles en cas de carence ou pour faciliter la récupération, ils n’ont pas de véritable impact sur les performances.

« En principe, se nourrir de façon équilibrée permet de combler tous les besoins de l’organisme, mais pour ceux qui ont une pratique intensive,  l’alimentation peut ne pas suffire », remarque Sylvie Devaux, enseignante en nutrition à l’UFR SMP et directrice de cette thèse. « Au-delà de 10 heures d’entraînement par semaine, on peut souffrir de déficits sans le savoir. » En effet, si les sportifs professionnels bénéficient d’un suivi médical attentif, ce n’est pas le cas des triathlètes amateurs.

L’importance du conseil

Ces compléments peuvent-ils avoir des effets néfastes ? À part le magnésium, pour lequel il n’existe pas de surdosage, une mauvaise utilisation peut s’avérer contre-productive. Or, une bonne hydratation est aussi importante pour le sportif que ses stocks de glucose. Trop de vitamine C produit un effet pro-oxydant alors que le sportif recherche l’inverse. Un excès de protéines peut être mauvais pour les reins… Pour chacune de ces substances, un bon dosage doit être respecté.

L’un des objectifs du travail de thèse de Marine Brisard est justement de souligner l’importance des conseils du pharmacien. « Les résultats de mon enquête montrent que même si les trois quarts des sportifs achètent en officine, le pharmacien est loin derrière le médecin et l’entourage dans le rôle de conseil » observe-t-elle. « C’est pourtant lui qui est le mieux placé pour leur éviter des erreurs nutritionnelles. »

Sa thèse pourra donc bénéficier aux autres pharmaciens. Elle a d’ailleurs été récompensée par l’association des enseignants en nutrition des facultés de pharmacie (AENFP) et présentée au cours des journées francophones de la nutrition à Marseille en décembre. Marine Brisard travaille maintenant en officine à Gray. Les triathlètes de la région sauront vers qui se tourner !

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