Les étudiants du parcours Sciences Po pendant un concours blanc
Ludovic Godard
Auteur 
Nourhane Bouznif

Préparer le concours d’entrée de Sciences Po à l’université

Depuis septembre 2015, l’UFR Sciences du langage, de l’homme et de la société propose un parcours Sciences Po adossé à la première année de licence d’histoire. L’objectif : donner aux étudiants les moyens de réussir le concours commun des instituts d’études politiques.

Dix mille candidats pour un millier de places. Ce sont les chiffres 2016 du concours commun d’entrée en première année d’institut d’études politiques (IEP). Communément appelés « Sciences Po », ces IEP sont au nombre de dix. Parmi eux, sept font partie d’un même réseau : Aix-en-Provence, Lille, Lyon, Rennes, St-Germain-en-Laye, Strasbourg et Toulouse1. Ils proposent des cursus de cinq ans après le bac, avec un diplôme équivalent au grade de master. Pour y étudier, il faut réussir un concours commun qui permet de candidater dans les sept établissements à la fois.

C’est à ces épreuves que le département d’histoire de l’UFR SLHS propose de préparer des étudiants depuis la rentrée 2015. Ils sont une vingtaine cette année à suivre la prépa. « Ce sont des bacheliers qui ont été sélectionnés sur dossier via l’application Admission post-bac », explique Paul Dietschy, enseignant-chercheur en histoire et responsable du parcours. Inscrit en première année de licence d’histoire, le groupe d’étudiants suit chaque semaine neuf heures de cours supplémentaires pour se préparer aux trois épreuves du concours commun : histoire, questions contemporaines et langue.

Le rythme est soutenu : révisions, ouvrages à lire, devoirs écrits, examens blancs en fin de semestre. Le concours commun des IEP comporte sept heures et demie d’épreuves étalées sur une journée. Les cours dispensés par les enseignants de l’université sont définis en fonction des sujets du prochain concours. L’épreuve de questions contemporaines (culture générale) est consitutée d’une dissertation à composer sur un sujet au choix : en 2017, la sécurité ou la mémoire. Celle d’histoire portera sur les « puissances et conflits dans le monde depuis 1945 », ou « la France depuis 1945 : évolution institutionnelles et politiques ». Enfin, le test de langue vivante comprend trois parties : compréhension écrite, vocabulaire et essai.

Le parcours est porté par une équipe de trois enseignants : Paul Dietschy, qui a enseigné à Sciences Po Paris et a été membre de jurys d’admission. Il enseigne l’histoire, tout comme son collègue Jérôme Loiseau. Ce dernier a été professeur en classe préparatoire et examinateur. Il dispense également des cours de culture générale. Enfin, les cours d’anglais sont animés par Bénédicte Reyssat. Avec elle, les étudiants analysent des articles de presse. Interviennent également des enseignants en sociologie, philosophie… En tout, l’équipe pédagogique se compose d’une douzaine de personnes. « Les étudiants apprécient d’avoir cette richesse pluridisciplinaire, rapporte Paul Dietschy. Les enseignements ont un format de cours magistral mais ils sont interactifs. La taille du groupe permet d’échanger avec les étudiants, de voir quelle réponse ils peuvent apporter face à une problématique. »

Les résultats obtenus l’an dernier sont très encourageants

Si en moyenne sept candidats sur dix au concours commun sont des bacheliers, 55 % des admis en première année sont des étudiants de niveau bac + 1. Parmi ceux-là, bon nombre ont suivi une année préparatoire avant de se présenter aux épreuves, que ce soit en classe préparatoire littéraire (hypokhâgne), sur internet, dans un établissement public ou un organisme privé. Des prépas parfois onéreuses et dont la qualité est inégale. Pour Paul Dietschy, le parcours mis en place à l’UFR SLHS fait déjà ses preuves : « C’est un système moins contraignant qu’hypokhâgne et les résultats obtenus l’an dernier sont très encourageants. » Sur les 13 candidats qui ont passé les épreuves, six ont intégré un IEP à la rentrée. S’il espérait de tels résultats, Paul Dietschy ne cache pas sa satisfaction : « On propose une préparation à peu de frais, qui s’est mise en place rapidement et qui répond à une demande par un format adapté. Après ces premiers résultats, on situe mieux les productions des étudiants par rapport aux exigences du concours. »

Pour sélectionner ses futurs étudiants, l’équipe pédagogique recherche différentes prédispositions chez les candidats : « Les prérequis sont d’écrire correctement le français, d’avoir une bonne capacité de concentration, de travailler avec régularité, de posséder un bon esprit de synthèse… », poursuit l’historien. À l’arrivée, les résultats au concours sont conformes à l’investissement des étudiants : ceux qui réussissent sont ceux qui ont travaillé avec sérieux le reste de l’année.

Le prochain concours aura lieu le 20 mai dans les sept Sciences Po ainsi que dans une dizaine de centres à l’étranger. Les heureux lauréats seront admis dans l’un des IEP en fonction des vœux qu’ils ont émis et de leur position dans le classement. L’an dernier, la plupart des reçus de l’université de Franche-Comté ont pu intégrer Sciences Po Strasbourg, conformément à leurs choix. Pour autant, les étudiants qui ne passent pas le cap des épreuves ne se retrouvent pas démunis, insiste Paul Dietschy. Sous réserve d’avoir validé leur année, ils pourront bien sûr continuer leur licence d’histoire, mais ils auront également l’option se présenter au concours commun d’entrée en 2e année l’année suivante2. Les instituts d’études politiques en région sont certes sélectifs mais ne sont pas réservés à une élite et les moyens d’y accéder sont multiples, souligne le responsable du parcours préparatoire. « Ici, on délivre un enseignement démocratique. La mission qu’on s’est fixée est respectée. »  

  1. Sciences Po Paris, Bordeaux et Grenoble organisent chacune leur propre concours d’entrée.
  2. Ce concours est commun à six des sept IEP du réseau. Seul Sciences Po Saint-Germain-en-Laye ne le propose pas. Les épreuves se déroulent au mois de mars. En 2017, environ 160 places seront disponibles.

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Paul Dietschy et Jérôme Loiseau