L'Université des familles: un dispositif à 4 voix
IUT de Belfort-Montbéliard

L’Université des familles : l’expérience des uns nourrit celle des autres

Organisée depuis 2016 par le département Carrières sociales de l’IUT de Belfort-Montbéliard, « L’Université des familles » est un dispositif à visée pédagogique, scientifique et sociale où la recherche, l’apprentissage et l’action évoluent en synergie. Une initiative qui fait évoluer les pratiques de l’intervention sociale.

L’Université des familles est un temps d’échange et de partage d’expériences mais aussi d’acquisition de connaissances pour les familles (enfants, jeunes, parents, grands-parents…) et les professionnels de l’intervention sociale (enseignants, étudiants, partenaires). La première édition, en 2016, portait sur le soutien à la parentalité, et plus particulièrement sur les relations intrafamiliales et intergénérationnelles, et les relations école-famille. L’année suivante, le dispositif concernait les transmissions familiales, par exemple à travers l’utilisation du numérique, l’éloignement des grands-parents, la culture familiale et la culture scolaire. Autant de questions nouvelles qui interrogent et font évoluer le champ de l’intervention sociale. En 2018, L’Université des familles poursuit son chemin en s’intéressant toujours aux transmissions familiales mais en particulier à l’éducation en milieu rural : « Il s’agit de cibler les problématiques spécifiques à ce milieu, comme la distance, l’isolement, le manque de services… », précise Annie Lasne, responsable de la licence professionnelle Intervention sociale (IS)1.

Des étudiants toujours sur le terrain

L'Université des familles joue un rôle de formation pour les étudiants : « Ils pourront se nourrir de cette expérience, poursuit la responsable pédagogique. Ils doivent concevoir, mettre en œuvre, analyser et évaluer : c’est pour eux la possibilité d’être en situation d’intervention face à un vrai public, comme ils le seront en tant que professionnels de l’intervention sociale. »
Une fois la thématique de l’édition 2018 définie, les étudiants ont d’abord eu un travail d’exploration scientifique à réaliser : connaître les travaux existants sur le sujet, les problématiques liées au monde rural. Quant à la démarche développée, « elle fait des allers et retours entre la réflexion et le terrain, souligne Marie-Pascale Guyon, enseignante vacataire. C’est une forme de recherche-action ». Ainsi, les étudiants sont mis en situation professionnelle en s’intéressant à l’action mais en se posant également des questions sur les actions à mener : « Il ne s’agit pas seulement d’animer ou de concevoir une animation, même si c’est déjà important, appuie Annie Lasne. Le but est aussi d’engager une réflexion et un dialogue avec les professionnels qui nous accueillent, pour voir comment on peut faire évoluer les problématiques. »

Cette année, comme le dispositif est déployé en milieu rural, l'idée était de passer par les collectivités qui gèrent directement les actions sociales. « Les communes et leurs partenaires (établissements scolaires…) énoncent leurs besoins, détaille Manuella Sciuto, enseignante en Carrières sociales et directrice de l’Office public pour les aînés de Belfort et du Territoire (OPABT). Les étudiants et les enseignants réfléchissent aux ateliers à proposer. Les trois parties – communes, enseignants, étudiants – valident le projet. D’autres rencontres sont ensuite organisées sur la mise en place concrète des actions du dispositif. Les partenaires mobilisent leurs publics (adolescents, parents, grands-parents…) notamment grâce aux supports de communication que nous réalisons. »

Le choix d’intervenir, pour cette édition 2018, dans les trois communes de Beaucourt, Delle et Morvillars, est basé sur le diagnostic issu du Schéma départemental des services aux familles 2015-2019 (concertation des institutions pour décider des priorités à développer), qui montre que le Sud du Territoire de Belfort est prioritaire : « Il y a de gros besoins, par exemple en ce qui concerne l’aide à la parentalité et l’aide à la famille en général, et peu d’offres, explique Mabrouka Nefatti, enseignante au département Carrières sociales et référente familles au Centre culturel et socioculturel de Belfort-Nord (CCSBN). Il y a des structures institutionnelles comme le conseil départemental ou la caisse d’allocations familiales, mais le réseau associatif est assez restreint, surtout dans le champ de la famille. Il y a donc une demande des familles et des élus. » Harcèlement scolaire, usage responsable du numérique et notamment des réseaux sociaux, sensibilisation au handicap, transmissions culturelles… Pour Manuella Sciuto, « en milieu rural, les problématiques sont les mêmes qu’en milieu urbain, mais dans les petites communes, il est plus difficile de développer des initiatives car il y a moins de structures et de professionnels de l’intervention sociale ».

Une démarche participative et une double expertise

L’Université des familles est donc un partenariat quadripartite avec un lien fort qui se tisse au fil du projet entre les différents partenaires. Si aujourd’hui, c’est le professionnel qui va à la rencontre de ceux qui en ont besoin pour mettre en place des actions, le secteur de l’intervention sociale montre une évolution dans la place donnée aux publics. « On n’est pas dans une situation où les publics exposent un besoin auquel nous apportons une réponse : ils ont un rôle d’acteur, précise Mabrouka Nefatti. Il s’agit d’une démarche participative. » C’est l’une des caractéristiques du projet : de la même manière qu’il ne s’agit pas d’une prestation de services pour les professionnels, il ne s’agit pas de « prêt-à-penser » pour les publics. « Ce que l’on attend de nous, c’est de partir de leurs besoins et de les associer depuis la conception du projet. On travaille ensemble. »

L’expérience des uns nourrit celle des autres : les familles ne sont pas des auxiliaires, elles sont au cœur du dispositif et sont sur un pied d’égalité avec les intervenants. La connaissance circule dans les deux sens : les familles apportent aux professionnels et aux futurs professionnels que sont les étudiants leur expérience et leur réflexion sur leur mode de vie, leurs relations avec leurs enfants. « Elles sont des experts d’usage. Cette expertise-là et celle des professionnels vont permettre de répondre à certaines problématiques, comme la réussite scolaire, l’utilisation du numérique, l’autorité, les questions de la vie quotidienne… On ne veut pas simplement réunir des gens mais vivre quelque chose tous ensemble et apprendre de la réalité du terrain. »

  1. La licence professionnelle Intervention sociale propose deux parcours : Animation sociale et socio-culturelle, fonction de coordination de projets (ASS) et Éducation populaire et implication dans la cité (EFIC).

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