Des lycéens sportifs de haut niveau goûtent à la recherche

Permettre aux jeunes de conjuguer études et sport de haut niveau : c'est la mission des huit lycées d'accueil de l'excellence sportive (LAES)¹ de Franche-Comté. Cette année, 166 jeunes pratiquant plus de 24 activités sportives bénéficient de ce système d'enseignement unique en France². « Ce dispositif original offre à nos sportifs en devenir un suivi personnalisé et un accompagnement quotidien pour les aider à concilier au mieux les études et le sport, souligne Martine Kreuzer, professeur d'EPS à Dole et coordinatrice de cette rencontre LAES. Santé, performance, connaissance de soi et gestion de ses efforts sont les maîtres-mots qui orientent leur cursus. S'ils parviennent à leurs objectifs, c'est aussi parce que nous, enseignants référents, prenons en charge tous les aspects administratifs des études : nous sommes des facilitateurs. »

Pour conforter et nourrir leurs parcours, les élèves de seconde, première et terminale sont réunis tous les trois ans autour d'un projet commun. Déjà accueillis à l'U-Sports en novembre lors de conférences, les 140 jeunes sportifs étaient reçus le 4 février par Frédéric Grappe, directeur du Centre d'optimisation de la performance (COPS), et ses doctorants autour d'une thématique pratique. L'enseignant-chercheur est parrain du dispositif depuis cinq ans : « Nous avons organisé deux ateliers en cyclisme (analyse des déséquilibres des membres inférieurs, analyse de l'aérodynamisme du coureur) et trois ateliers en sports collectifs et athlétisme (test de détente, relation force-vitesse, course spécifique aux sports collectifs) qui alliaient pratique et analyse des problématiques soulevées. Les échanges – très concrets – ont permis d'introduire et d'expliciter les travaux de recherche menés aujourd'hui et ceux que nous poursuivons au COPS », relève-t-il.

Imaginer son avenir

Élève en 1^re S à Pontarlier, Jade faisait partie des lycéens de passage à l'U-Sports. La jeune fille a pour spécialité le tir à la carabine. « Mon sport exige un travail constant sur la respiration, explique-t-elle. C'est pour moi un défi quotidien que d'améliorer mes performances. Si ce sport m'apprend à gérer mon stress, à garder le contrôle, à me déconnecter de l'environnement quand nécessaire, j'ai besoin d'échanger avec d'autres sportifs, de comprendre comment m'améliorer davantage. »

En seconde générale à Pontarlier, Tifenn, elle, se passionne pour le canoë : « Il faut faire le bon geste au bon moment ; ce sport m'apprend à travailler sur moi, il me rend exigeante avec moi-même, dans toutes les situations de la vie. Et je veux comprendre le pourquoi et le comment pour faire mieux. »

Jade et Tifenn souhaitent aller aussi loin que possible dans la compétition comme dans la vie, même si elles n'arrivent pas encore à définir un avenir. Difficile en effet de se projeter quand on pratique un sport qu'on ne peut pas facilement lier à un métier. En leur ouvrant leur laboratoire, les chercheurs de l'U-Sports proposent à ces jeunes sportifs d'autres perspectives, d'autres voies. Et les deux copines ont bien compris que la recherche pourrait, le moment venu, être un bon moyen de se consacrer autrement à leur passion.

1. Lycées Jules Haag à Besançon, Edouard Belin à Vesoul, Cournot à Gray, Courbet à Belfort, Cuvier à Montbéliard, Xavier Marmier à Pontarlier, Jean Michel à Lons-le-Saulnier, Duhamel à Dole.
2. Mis en place en 2009 dans l'académie de Besançon, ce dispositif réunit autour des mêmes objectifs la direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion, les comités régionaux et départementaux des associations sportives concernées, le rectorat d'académie (inspection pédagogique régionale en EPS et services d'orientation), les établissements scolaires, les associations sportives du LAES et des établissements d'accueil des sportifs d'excellence régionale ou nationale affiliées à l'Union nationale du sport scolaire (UNSS), et bien sûr la famille du sportif de haut niveau. Le dispositif est régi par une charte de fonctionnement.