Réalisation d'un banc de test automatique pour sondes intracéphaliques

Connectique : de l’automobile au biomédical

Surprenante à première vue, la collaboration entre deux étudiants mexicains en licence professionnelle Véhicules : électronique et gestion des automatismes (VEGA) à l'IUT Belfort-Montbéliard et l’entreprise biomédicale Alcis s'est révélée fructueuse.

Si les projets de la licence professionnelle VEGA concernent le plus souvent l’électronique pour l’automobile, la formation se penche également sur l’électronique embarquée au sens large, comme l’explique Eric Chrétien, enseignant au département Génie électrique et informatique industrielle (GEII) de l'IUT Belfort-Montbéliard : « Il est important que les étudiants aient une vision globale de l’électronique embarquée qui ne se limite pas à l’automobile. Le biomédical est un secteur riche, notamment au niveau humain, car on est amené à réfléchir et à mettre à profit ses connaissances et compétences pour sauver des vies ou éviter que des gens souffrent. » L'enseignant avait déjà fait travailler ses étudiants sur des fauteuils roulants électriques pour « leur donner la possibilité d'œuvrer sur des projets ayant une dimension altruiste. »

Les enseignements en licence pro VEGA portent sur la liaison entre les différents organes électriques dans l’automobile : « On peut faire un parallèle entre la communication, l’information d’une carte électronique et celle d’un individu, poursuit l’enseignant. Il faut un processus intelligent pour contrôler l’ensemble. Là, au lieu de le faire sur un véhicule, on le réalise sur un dispositif d’acquisition des données du cerveau. »

L’entreprise bisontine Alcis est spécialisée dans la fabrication de sondes intracéphaliques, c'est-à dire placées dans le cerveau, pour détecter des crises d’épilepsie et y remédier. Elle avait besoin d’une machine pour tester ces sondes en salle blanche (local dépourvu de la moindre poussière). En effet, le geste technique effectué par un opérateur nécessite beaucoup de minutie et de savoir-faire car, à la moindre erreur, la sonde devient inexploitable. La collaboration entre l’IUT et l’entreprise a commencé il y a deux ans. La société avait déjà travaillé avec Eric Chrétien et un étudiant en LP VEGA sur un banc de test. Les recherches avaient permis d’écarter certaines idées mais pas encore de trouver la solution. Eric Chrétien a une nouvelle fois proposé que deux étudiants en licence pro VEGA, Mario Ballesteros Flores et Lisbeth Garcia Herrera, se penchent sur cette problématique dans le cadre d’un projet tutoré.

Des recherches aux prototypes

Il s’agissait pour eux de réaliser un banc de test automatisé qui permette de brancher les sondes sur une carte électronique et de lancer, via un ordinateur, un processus de vérification (scrutation) du fonctionnement de la connectique. D’octobre 2014 à juin 2015, deux solutions ont été réalisées par les étudiants : la première fonctionne avec une carte électronique et un ordinateur, et la seconde avec une carte électronique et un PC intégré de la taille d’un téléphone mobile. Outre la carte électronique, ils ont réalisé un environnement graphique sur l'ordinateur pour lancer le protocole de test.

Un premier prototype de sonde à cinq bagues (petite tige sur laquelle sont répartis cinq points permettant de contrôler l’activité cérébrale du patient) a été présenté de façon concluante. Un nouveau prototype comportant 18 bagues a ensuite été initié afin de correspondre au produit commercialisé par l’entreprise. Une fois terminée, la nouvelle carte sera mise en test auprès des opérateurs de l’entreprise. Les retours d’expérience permettront de procéder à d’ultimes modifications et de valider le produit selon le cahier des charges établi.

Mario et Lizbeth, repartis au Mexique après avoir brillamment soutenu leur mémoire, suivent de près l’évolution du projet sur lequel ils ont travaillé et dont Eric Chrétien a pris la suite. Les deux étudiants ont d’ailleurs reçu les félicitations de Jean-François Delforge, gérant de l’entreprise, et de Pascal Carpentier, directeur de fabrication : « Le travail réalisé correspond parfaitement aux attentes de l’entreprise et nous permettra d’optimiser les tests sur nos produits en ce qui concerne la qualité et la productivité. Leur participation à ce projet nous a permis d’envisager une application sur d’autres produits auxquels nous n’aurions pas forcément pensé. »

Si la licence professionnelle VEGA est consacrée en grande partie à l’électronique embarquée, elle permet aussi une diversification des projets et des environnements de travail : appareils domestiques (qui sont de plus en plus « intelligents » avec des commandes complexes), gestion centralisée de bâtiments, domotique, immotique... L'intelligence des objets est un secteur porteur.

Contact

Eric Chrétien
Département Génie électrique et informatique industrielle (GEII)
eric.chretien@univ-fcomte.fr

Licence professionnelle VEGA
lp-vega-belfort@univ-fcomte.fr

IUT Belfort-Montbéliard

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