Comment le corps s'adapte-t-il au manque d'oxygène en altitude ?

Comment le corps réagit-il lorsqu’il doit réaliser un effort dans un environnement où l’oxygène manque ? Les étudiants de master 1 Entraînement, management et ingénierie du sport (EMIS)¹ en ont fait l’expérience lors d’un stage dans les Alpes. Leur formation les amène à étudier les contraintes environnementales sur la pratique sportive, telles que l'hypoxie d'altitude. Ce terme désigne la diminution de la quantité d'oxygène apportée aux organes par le sang.²

Les étudiants ont tout d’abord étudié ce phénomène mi-avril lors d'une préparation sur les pentes du Chasseron, dans le cadre du partenariat noué entre l'U-Sports et le Centre national de ski nordique et de moyenne montagne (CNSNMM) de Prémanon. Cette première journée leur a permis d’appréhender comment l’organisme réagit en altitude. « Si le corps humain n’est pas préparé, les performances diminuent. Mais il a des ressources pour s’adapter à l’environnement dans lequel il se trouve », explique Laurent Mourot, enseignant-chercheur et responsable du master EMIS. Dans cette structure de haut niveau qu’est le CNSNMM, les sportifs peuvent se mettre en condition, notamment en séjournant dans une chambre hypoxique : une pièce dont on a baissé la teneur en oxygène. Après plusieurs jours, on observe chez ces athlètes une augmentation des globules rouges, vecteurs de l’oxygène dans le sang. Mieux oxygéné, l’organisme est alors davantage performant. Certains sportifs comme Jo-Wilfried Tsonga ont d'ailleurs recours à ces espaces hypoxiques lors de leur préparation physique afin d'améliorer leurs capacités, ajoute l’enseignant.

Faire le lien entre les enseignements de leur formation et la pratique réelle

Après cette première approche, les étudiants ont effectué un stage d’application de quelques jours dans les Alpes, du 11 au 15 mai. Cela leur a permis d’expérimenter les effets de l'hypoxie au cours de l'ascension du Grand Paradis, effectuée par paliers. Le premier jour, le groupe a entrepris la montée de l'Aouille du Criou, qui domine Samoëns, à 2 227 mètres d’altitude. Le lendemain, direction le refuge d'hiver de Chabod à 2 750 m, au pied de la face nord-ouest du Grand Paradis. Le troisième jour, ascension puis retour aux Carroz-d'Araches. Pour finir, les étudiants ont effectué l’ascension du Grand Paradis, qui culmine à 4 061 mètres. Des mesures de saturation en oxygène et de fréquence cardiaque étaient réalisées à différentes étapes de la montée. Le dernier jour, une « rando-course » pour relier le chalet du Boret, 1 390 mètres, à Sixt-Fer-à-Cheval, est venue clore ce solide programme.

« Ce stage est une occasion unique pour les étudiants de faire le lien entre les enseignements de leur formation et la pratique réelle du corps mis en mouvement dans cet environnement particulier, commente Laurent Mourot. C’est aussi un moyen de relever des comportements difficilement observables dans les salles de cours ou lors des travaux pratiques traditionnels. » Pour beaucoup, cette mise en situation a également été une première expérience d’ascension d’un glacier. La progression en cordée leur a demandé une grande coopération et un soutien mutuel. « L’atteinte de ce sommet a permis à certains de repousser un peu plus leurs limites : ils y sont arrivés en prenant sur eux. Ce séjour est donc un très bon outil de formation », conclut l’enseignant.

1. L'université de Franche-Comté et l'université de Bourgogne proposent des formations identiques en activités physiques et sportives.
2. L'hypoxie prolongée peut engendrer des problèmes de santé parfois très graves chez certaines personnes (œdème pulmonaire ou cérébral notamment).