Abdou Diouf, en toge, tient un diplôme. Jacques Bahi applaudit. Derrière, un certain nombre de personnes en toge applaudissent également.
Ludovic Godard
Auteur 
Delphine Gosset

Abdou Diouf, docteur honoris causa de l’UFC

Le 10 avril, l’ancien président sénégalais et actuel secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a reçu le titre de docteur honoris causa de l’université de Franche-Comté, pour son action en faveur de la francophonie.

Le doctorat honoris causa, en latin « pour l’honneur », est le grade le plus élevé qui puisse être décerné par une université1. Il s’agit d’un titre honorifique, différent des diplômes qui valident la fin d’un cursus. Il marque la volonté de rendre hommage à des personnalités étrangères éminentes, pour leur action dans le monde des sciences, des lettres, des idées, des arts ou de la culture, mais aussi, souvent, pour leur investissement dans la défense de valeurs humanistes au plan international.

Cette année, l’université de Franche-Comté a choisi d’honorer Abdou Diouf en raison de son engagement dans la défense et la promotion de la langue française. Après avoir été président de la République du Sénégal de 1981 à 2000, celui-ci a été élu en 2002 secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).  Il est encore aujourd’hui, à l’âge de 79 ans, le plus haut responsable de ce dispositif institutionnel qui implique 77 états et gouvernements.

Adbou Diouf a été accueilli à Besançon le 10 avril, au cours d’une cérémonie conforme à une tradition vieille de plusieurs siècles. Vêtus de toges aux couleurs de leurs disciplines, les enseignants-chercheurs ont fait leur entrée dans la salle des maires de l’hôtel de ville devant une centaine d’invités : personnalités locales, représentants des administrations et des collectivités, membres d’associations franco-africaines, personnels et étudiants.

Le président de l’UFC, Jacques Bahi, a prononcé le premier discours. Il a présenté la francophonie comme une évidence, évoquant son propre attachement à la langue française, apprise au cours de son enfance passée au Maroc. Il a rappelé la contribution de l’université à cette cause, à travers l’activité du centre de linguistique appliquée (CLA), un centre reconnu internationalement pour son expertise dans le domaine de l’enseignement du français langue étrangère (FLE) et qui, depuis un demi-siècle accueille et forme des francophones venus de tous les continents.

Selon la tradition, un universitaire qualifié de « parrain » prononce, avant la remise du titre, un discours de réception présentant les mérites et les talents de celui qui va être reçu au sein de l’université. Ce parrain était un ancien président de l’université, Michel Woronoff, Président Honoraire, qui connaissait Abdou Diouf pour l’avoir rencontré au Sénégal alors qu’il y était enseignant. Cet ancien professeur de langue, littérature et civilisation grecques a fait avec emphase l’apologie de la langue française. Il a rappelé que le français a, au fil du temps, assimilé de nombreux vocables venus d’ailleurs, mais qu’il a toujours gardé son architecture syntaxique caractéristique, le décrivant comme « une langue analytique, limpide, profondément logique, qui permet d’énoncer clairement ce que l’on pense, sans ambiguïté.»

Après avoir reçu des mains du président de l’université le diplôme de docteur honoris causa, la médaille de l’université et l’épitoge aux couleurs de la ville de Besançon, conformément au rituel en vigueur, l'impétrant, monsieur Abdou Diouf a prononcé sa réponse. Il a mentionné les fils du destin qui le relient plus ou moins directement à la cité bisontine et son admiration pour Victor Hugo. Il s’est dit particulièrement honoré d’obtenir la reconnaissance des universitaires qui représentent pour lui la communauté du savoir. Le secrétaire général de l’OIF a expliqué que la francophonie ne consiste pas à substituer l’hégémonie du français à celle de l’anglais, mais au contraire à défendre la diversité linguistique et culturelle. Il a présenté le français comme une « langue de partage », qui, en Afrique, cohabite souvent avec de nombreux idiomes et permet de fédérer des populations de langues maternelles différentes sur un même territoire. Il a souligné son caractère de « langue d’accès au savoir », insistant sur l’importance de l’éducation et de la formation pour l’avenir des  pays, qu’ils soient riches ou pauvres.

Après cette cérémonie, un hommage a été rendu aux anciens présidents de l’université : Jean-François Robert, Michel Woronoff, Françoise Bévalot et Claude Condé, avec une remise de médailles, suivie d’un discours de clôture d’Eric Martin, recteur de l’académie de Besançon.

  1. Ces cérémonies sont très anciennes, la première dans la région datant de 1502. Elles ont été officialisées par un décret de 1918.
Portrait d'Abdou Diouf en toge
Plusieurs personnes en toges de différentes couleurs font leur entrée dans la salle.
Quatre personnes en toge se tiennent debout au premier plan.
Portrait de Michel Woronoff en toge jaune.
Jacques Bahi serre la main d'Abdou Diouf, l'assemblée en toge applaudit.

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