L’imagination diagrammatique entre science et littérature

4 Avril 2018

Cette conférence animée par Laurence Dahan-Gaida est organisée dans le cadre du séminaire Philosophie-sciences cognitives-mathématiques, axe Fondements politiques et culturels de l’éducation de la Fédération de recherche EDUC.

Grand salon de l'UFR SLHS
Ludovic Godard

Laurence Dahan-Gaida est enseignante-chercheuse en littérature comparée et directrice du Centre de recherches interdisciplinaires et transculturelles (CRIT) de l'université de Franche-Comté. Elle est également directrice du portail Epistemocritique.org consacré à l’étude des rapports entre sciences et littérature, et a écrit plusieurs ouvrages sur ces questions.

Depuis les années 1980, les recherches croisées entre littérature et sciences ont connu un développement significatif, sous l’impulsion des historiens des sciences mais surtout des littéraires. Les recherches dans ce domaine privilégient deux voies : soit elles s’intéressent à l’usage que les textes littéraires font du discours scientifique, soit elles examinent les « technologies littéraires » mises en jeu par les sciences en tant que supports d’une « poétique » ou d’une « rhétorique » des sciences.

Durant cette conférence, Laurence Dahan-Gaida se propose d'explorer une autre avenue, relativement négligée qui, plutôt que d’étudier les emprunts ou les influences entre les deux domaines, tente plutôt de cerner un terrain commun, en postulant l’usage de ressources intellectuelles communes à la science et à la littérature dès qu’on les aborde sur le versant de la créativité : expériences de pensée, modèles, diagrammes, imagerie mentale, etc.

La chercheuse s'intéressera à l’imagination diagrammatique telle qu’elle a été théorisée par Charles Sanders Peirce et Gilles Châtelet, qui ont montré que le diagramme était un véhicule de la pensée naissante : loin d’illustrer le déjà là, il incarne le mouvement à travers lequel une idée se cherche et finit par se formaliser dans une figure. Tirant tout son dynamisme d’une co-pénétration de l’image et du calcul, il représente un effort de visualisation dont le caractère heuristique le rapproche de la métaphore ou de l’expérience de pensée, également sites des significations naissantes. Dès lors, il devient possible d’envisager le diagramme au-delà de son usage instrumental, comme un régime de pensée susceptible de s’investir dans une multiplicité de domaines, où il sert de moteur à l’invention intellectuelle. Cette hypothèse sera mise à l’épreuve de l’écriture de Paul Valéry dans les Cahiers, dont la spécificité est de mêler dessin, écriture et calcul : construite sur deux ordres – rhétorique et géométrique, verbal et iconique – l’écriture valérienne possède, comme on essaiera de le montrer, un caractère diagrammatique qui lui permet d’unir en un système commun la connaissance et l’art.

Horaires

18 h

Contact

Stefan Neuwirth
03 81 66 63 51
stefan.neuwirth@univ-fcomte.fr

Lieu

Grand salon (1er étage), entrée par le 18 rue Chifflet